Lettre d'Anne de Bretagne

Description analytique

Lettre d'Anne de Bretagne à son cousin le seigneur de Rohan, mentionnant le décès du roi Charles VIII, par laquelle elle lui annonce la prochaine venue d'un de ses serviteurs, et lui demande de prendre toutes les mesures nécessaires pour son bien et celui de son pays.

Après avoir violemment heurté son front à une porte du château d'Amboise, Charles VIII y mourut brutalement le 7 avril 1498. La reine, qui avait déjà perdu quatre enfants, se trouva donc brusquement, à 21 ans et après seulement sept ans de mariage, veuve d'un époux auquel elle était manifestement attachée. Elle fut "si troublée et désolée" qu'on craignit même pour ses jours. Louis XII, inquiet, lui députa le cardinal Briçonnet, évêque de Saint-Malo, et Jean de Lamarre, évêque de Condom. Le premier, un de ses conseillers, rapporte dans ses Mémoires qu'il "la trouva, trois jours après l'évènement, dans un coin de sa chambre, pâle, gisante contre terre et repoussant obstinément toute nourriture, vêtue des mêmes habillements qu'elle portait au moment de son malheur". Lui-même, trop ému, ne put lui parler. Mais Jean de Lamarre sut trouver les paroles qui la firent sortir de sa torpeur. La reine se reprit alors et, redevenant duchesse de Bretagne, écrivit cette lettre "toute trempée de larmes".

Quelques jours plus tard, le 17 avril, elle adressa une lettre analogue au chapitre de Tréguier, montrant ainsi son souci de la Bretagne, dont elle entendait reprendre les affaires en mains. Ce n'est cependant qu'au mois d'octobre suivant qu'elle fit son entrée solennelle à Nantes.

Bien que cette lettre ait été publiée plusieurs fois, le "seigneur de Rohan" destinataire n'a pas été identifié. Il s'agit sans doute de Jean II de Rohan, époux de Marie de Bretagne, fille cadette du duc François Ier. Il s'était mis à la tête des troupes françaises lorsque Charles VIII avait envahi la Bretagne après la mort du duc François II, et le roi l'avait ensuite nommé son lieutenant général. En s'adressant à lui, la reine prouve qu'elle oublie tout, même les traîtrises passées.

La signature est celle du type A employée par Anne pour ses lettres missives. Elle est contresignée d'un de ses secrétaires : C. Normant.

Texte descriptif

"Lettre d'Anne de Bretagne au seigneur de Rohan" Amboise, 14 avril 1498 . Une pièce papier, traces de cachet de cire rouge, H.17,5 cm, l. 20,3 cm. Acquis à la vente du chevalier C...a, 22 mai 1865, n° 10. Nantes, Musée départemental Dobrée, aut. n° 28.

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