Maurice Sibille (1847-1932)

Né le 21 mai 1847 à Nantes, Maurice Sibille est reçu premier à l’École nationale des Mines, à Paris, mais préfère s’orienter dans des études juridiques. Soucieux de servir son pays, lorsque la guerre éclate en 1870, il s’engage et devient sous-lieutenant d’artillerie. Achevant ses études, il est avocat au Barreau de Nantes avant de se lancer en politique. D’une manière inattendue, sa collection de médailles nous raconte son histoire, celle de l’homme politique et celle du passionné d’art et de patrimoine.

portrait Maurice SibillePortrait de Maurice Sibille

L'homme politique

Conseiller d’arrondissement en 1875, il n’a alors que 28 ans, Maurice Sibille devient conseiller général de la Loire-Inférieure le 8 août 1880. Élu en 1889 député de la Loire-Inférieure à la Chambre, il y siègera 43 ans sans interruption auprès des Républicains de gauche.

S’il s’intéresse aux questions d’ordre social, comme l’instruction publique et le travail des femmes et des enfants, il est particulièrement compétent dans le domaine des Transports. Il est membre de la Commission des Travaux Publics et des Moyens de communication qu’il préside lors de nombreuses conférences internationales. Il est aussi membre du Comité consultatif des chemins de fer et rédige de nombreux rapports concernant le réseau ferré de l’État et les conventions avec les Compagnies de chemin de fer. En 1911, il propose un plan de réformes des tarifs que le gouvernement imposera plus tard à tous les réseaux.

Lors des élections législatives du 6 octobre 1919, il est réélu à Nantes sur la liste de l’Union des Républicains de gauche aux côtés d’Aristide Briand, Gabriel Guist’hau et Philippe Delaroche-Vernet. Pendant les dernières années de son mandat, il est doyen d’âge de la Chambre des députés. Le 13 janvier 1931, il prononce l’éloge funèbre du maréchal Joffre. Souffrant, il ne se représente pas aux législatives de 1932.

Le passionné d'art et de patrimoine

Officier d’Académie, Maurice Sibille est membre de la Commission du musée des Beaux-arts de Nantes et membre titulaire de la Société Archéologique et Historique de Nantes et de la Loire-Inférieure. Son influence à la Chambre des députés et au Conseil général de Loire-Inférieure lui permet d’intervenir régulièrement en faveur de la Société Archéologique.

En 1911, Maurice Sibille annonce par exemple que l’État a voté une subvention de 15 000 francs pour l’aménagement de la Porte Saint-Pierre à l’occasion des fouilles archéologiques menées autour de ce monument. En 1912, il fait remarquer qu’il existe une pierre sur le Manoir de la Touche sur laquelle pourrait figurer une inscription rappelant que Jean V, duc de Bretagne, mourut sous ce toit. Il s’applique également à défendre la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. En 1913, il annonce qu’il a obtenu du sous-secrétaire d’État aux Beaux-arts une allocation annuelle de 50 000 francs pour l’entretien et la réparation de ce monument, en particulier la réfection des voûtes et les travaux de consolidation extérieure. Les travaux sont arrêtés lorsque la guerre survient puis repris dès 1916 sur l’insistance de Sibille. Sa persévérance est récompensée par l’achèvement de la restauration des voûtes et par un nouvel engagement de l’État concernant la réfection de la façade et de la chaire extérieure. En 1918, à la suite de la menace de destruction du vieux logis de la Place du Change, les membres de la Société archéologique adoptent le vœu de le faire classer au titre des monuments historiques. Appuyant ce vœu, Maurice Sibille propose également le classement des maisons à pans de bois les plus remarquables de Nantes (la Maison des Apothicaires est classée en 1922, certaines maisons de la rue de la Juiverie le seront en 1926).

C’est également à Maurice Sibille que l’on doit le dépôt au musée Dobrée en 1924 des fauteuils du Tribunal révolutionnaire provenant du Palais de Justice de Nantes. Son dernier bienfait sera de léguer au musée Dobrée sa collection de médailles et de plaquettes.

La collection de médailles de Maurice Sibille

La collection de médailles et de plaquettes est riche de 36 pièces signées par des artistes graveurs éminents tels que Jules-Clément Chaplain (1839-1909), Oscar Roty (1846-1911) ou encore Jean-Baptiste Daniel-Dupuis (1849-1899). Outre la qualité artistique de la collection, celle-ci a aussi l’intérêt de nous raconter la vie de Maurice Sibille. Elle nous le présente sous deux aspects : l’homme politique, dont les fonctions lui permettaient de recueillir les médailles des évènements auxquels il était mêlé (hommages aux grands hommes, expositions, congrès…), et le collectionneur, sensible à l’art et à l’esthétique des médailles et des plaquettes exécutées plus librement par les artistes.

Épris de numismatique, Maurice Sibille était en rapports étroits avec l’établissement de la Monnaie de Paris et ses artistes graveurs. C’est ainsi qu’Oscar Roty lui-même offrit à son épouse la belle médaille en argent intitulée Maternité (932.1.1) que Roty avait créée pour honorer le baptême de son premier fils, Georges, en 1893.

En 1914, Maurice Sibille commanda au graveur Charles Pillet une médaille commémorant l’Union Sacrée qui rassembla tous les Français pour faire face à l’ennemi. La médaille illustre l’allocution patriotique du président Jamin lors de la session extraordinaire du Conseil général du 17 août 1914 :

« Toutes nos volontés sont réunies dans une pensée commune, le salut de la patrie… l’heure du danger a sonné. La France, seule, demeure, entourée de ses enfants, unis dans un amour commun, qu’aucune force ne saurait rompre ».

 Maurice Sibille meurt le 26 juillet 1932 à Paris. Ses obsèques ont lieu au temple protestant de Nantes le 30 juillet 1932.

Quelques oeuvres phares de la collection de Maurice Sibille cg44.plugin.grandpatrimoineplugin.portailAccueil.label.afficher-masque